Depuis plus de 50 ans, la nécessité de mieux articuler les interventions des institutions socio-éducatives d'une part et (pédo)psychiatriques d'autre part est régulièrement réaffirmée. Cette formulation met en évidence la séparation, voire le cloisonnement qui perdure entre le champ socio-éducatif des structures de protection de l'enfance et le champ du soin des institutions psychiatriques.
Or, nous sommes face à un double constat :
D'une part, les moyens de la psychiatrie ne cessent de se réduire de sorte que l'offre de soin psychique, notamment des centres médico-psychologiques, est insuffisante dans un contexte de massification des problèmes psychologies et psychopathologiques, notamment chez les jeunes.
D'autre part, les professionnels du champ socio-éducatif confondent souvent les pathologies psychiatriques avérées qui relèvent d'une prise en charge en psychiatrie avec la souffrance psychique d'enfants ou d'adolescents qui sont les conséquences psychiques de l'âge et du contexte socio-anthropologique (cf. Rapport IGAS n°2004027 Jourdain-Menninger/Stroll-Maffesoli).
Les structures de protection de l'enfance doivent donc être en mesure d'évoluer afin de prendre en charge leur part de cette souffrance psychique dans le cadre de ce que l'on pourrait nommer le « soin psychique ». Elles ne peuvent plus se contenter de développer et de porter des projets socio-éducatifs, mais doivent être en mesure d'apporter des réponses psycho-socio-éducatives, articulées au mieux avec les services de psychiatrie pour les situations qui l'exigent.
L'accès à l'autonomie des personnes accueillies est sans doute le but de tout établissement social ou médico-social, en particulier ceux du champ de la protection de l'enfance. C'est en tout état de cause l'objectif des services de l'Aide sociale à l'enfance, en particulier pour les grands adolescents et les jeunes majeurs que nous accueillons et qui ont vocation à « voler de leurs propres ailes » lorsqu'ils quittent le dispositif.
Cependant, ce terme est rarement défini avec précision alors qu'il recouvre des aspects très divers. À MÉTABOLE, nous distinguons deux aspects complémentaires constitutifs de l'autonomie :
L'autonomie de la volonté qui se réfère à la capacité des individus à faire des choix. L'apprentissage de cette autonomie passe, à MÉTABOLE, par la liberté des personnes accueillies dans la gestion de leur vie quotidienne et par leur participation active aux prises de décisions qui les concernent.
L'autonomie matérielle qui renvoie à la capacité des individus à subvenir à leurs besoins. L'apprentissage de cette autonomie passe, à MÉTABOLE, par la gestion de leur vie quotidienne et les tâches ménagères effectuées par les personnes accueillies.
Notre conception de l'autonomie des jeunes que nous accueillons et que nous accompagnons se rapproche de la notion de capabilité développée par Armatya Sen, à savoir la possibilité réelle qu’une personne a de faire ses propres choix face à diverses possibilités d'action, autrement dit la liberté dont elle jouit effectivement.
À ce titre l'approche et le projet de MÉTABOLE sont tout à fait en phase avec les orientations actuelles qui visent à développer le pouvoir d'agir des personnes, c'est-à-dire « la possibilité d'avoir plus de contrôle sur ce qui est important pour soi, ses proches ou la collectivité à laquelle on s'identifie » (Le Bossé, 2012).